La responsabilité élargie des producteurs (REP) au coeur d’un système performant
Collecte sélective et recyclage
Depuis la dégringolade des marchés des matières recyclables, les pays occidentaux tentent de passer à la mise en place de solutions durables… et épongent la facture. Ce mois-ci, les entreprises qui financent la collecte sélective québécoise apprennent que leur contribution augmentera de façon importante pour remédier, entre autres, à la baisse fulgurante de valeur des matières. Les contrecoups s’élèvent à plusieurs dizaines de millions de dollars.
Rappelons qu’au Québec, ce sont les entreprises qui mettent en marché des contenants, des emballages et des imprimés qui remboursent 100 % des coûts nets des programmes municipaux de recyclage par le biais de Éco Entreprises Québec. Près de 1,5 milliard de dollars ont ainsi été redistribués aux municipalités depuis 14 ans.
De payeurs à acteurs de premier plan
Heureusement, des solutions concrètes existent pour transformer en profondeur l’industrie québécoise du recyclage en un modèle d’économie circulaire. Pour y parvenir, les entreprises doivent être responsables des matières qu’elles mettent en marché – au-delà du financement de la collecte sélective qu’elles assument déjà – dans un cadre de responsabilité élargie des producteurs. Selon nous, quatre facteurs de succès s’avèrent incontournables pour réussir cette transition :
– L’écoconception des emballages doit devenir la norme, soit la fabrication d’emballages écoconçus faits de matières recyclées, qui sont recyclables et qui éliminent le suremballage;
– Une approche globale, intégrée et transparente est essentielle. La qualité doit aussi devenir une obsession pour l’ensemble des acteurs, et ce, à chaque étape de la chaîne de valeur : citoyens, municipalités, centres de tri, recycleurs et entreprises;
– Le développement de marchés locaux et limitrophes pour les matières recyclables est essentiel. En effet, la raison d’être du tri est de permettre aux matières de trouver une nouvelle vie le plus localement possible, ce qui contribue également à limiter la production de gaz à effet de serre;
– Au-delà du financement qu’elles assument déjà, le rôle et les responsabilités des entreprises dans l’organisation du système et dans la gestion des matières doivent être accrus. Pour ce faire, il faut instaurer un partenariat avec le monde municipal et miser sur la reconnaissance de l’expertise des centres de tri québécois. Ce nouveau partenariat permettrait de trouver les solutions adaptées et innovantes, et de communiquer la juste information aux citoyens afin de rétablir leur confiance envers le recyclage. En effet, une approche globale incluant une plus grande responsabilisation des entreprises commence avec un citoyen éclairé qui pose le bon geste de tri.
Des milliers d’entreprises d’ici financent fièrement la récupération depuis des années. Avec les fondations en place, il est grand temps de les mettre au cœur du système et de travailler à faire de la collecte sélective québécoise un modèle reconnu pour sa performance à travers le monde.
Maryse Vermette
Présidente-directrice générale