L’emballage en temps de pandémie : 5 questions-clés à se poser pour la suite
Geneviève Dionne, directrice, écoconception et économie circulaire
La crise dans l’industrie du recyclage, l’ampleur des problématiques environnementales et la montée en flèche de la pression populaire des dernières années ont poussé les entreprises à agir face à leurs emballages.
Ces enjeux ont mené à une ébullition de pratiques et d’initiatives écoresponsables, en particulier pour les produits de consommation courante tels que ceux du secteur alimentaire.
Cependant, au début de 2020, la pandémie mondiale causée par la COVID-19 a vite bousculé les projets et ralenti les initiatives.
Depuis, cette crise sanitaire bouleverse les habitudes de consommation et les préoccupations qu’elle soulève, tant chez les consommateurs que chez les entreprises, sont nombreuses.
Effets et répercussions de la crise sanitaire sur les comportements
- Perception et sentiment de vulnérabilité
- Appréhension de santé et sécurité envers la salubrité
- Bouleversement des habitudes et des valeurs
- Mise en veilleuse d’initiatives de réduction d’emballages à usage unique
Quels types de comportements cela provoque-t-il en ce qui concerne l’emballage?
Selon des données récentes publiées par l’Observatoire de la consommation responsable, plus de la moitié des Québécois consommant des produits en vrac avant la crise ont cessé de le faire. Cette même tendance a été observée du côté de l’utilisation de sacs d’emplettes réutilisables, qui sont perçus par 17 % des Canadiens comme n’étant pas bons pour la santé.[1]
Dans ce contexte de pandémie, les gens ne se demandent plus si les emballages ont encore leur place ou pourquoi ils ne sont pas carrément supprimés pour des raisons environnementales, car ils prennent maintenant conscience de leurs fonctions essentielles liées aux enjeux de santé et de sécurité : l’hygiène et la salubrité. Il est toutefois primordial de bien encadrer les entreprises et les consommateurs pour leur permettre de faire les meilleurs choix possible.
Cette crise aura-t-elle des effets à long terme sur nos habitudes de consommation?
On constate déjà que la demande pour des produits emballés et portionnés augmente tout comme l’usage de plastique. Quant aux achats en ligne, ils ont carrément explosé, ce qui fait augmenter considérablement les emballages pour la livraison de colis à domicile. Selon un sondage réalisé par la firme Léger et l’agence lg2, 78 % des Canadiens disent vouloir maintenir l’utilisation des services en ligne utilisés pendant la crise.[2]
L’obsolescence de l’emballage primaire
L’emballage primaire est conçu pour la vente au détail. C’est l’emballage qui interagit avec le consommateur et c’est pourquoi on le conçoit avec tant d’attention. Il doit se démarquer, séduire et informer le consommateur. Il doit avoir une belle visibilité et doit pousser l’achat et permettre au consommateur de le transporter jusqu’à son utilisation.
Pour le commerce en ligne cependant, la majorité de ces fonctions de vente sont assurées par la plateforme de vente en ligne et l’emballage primaire est beaucoup moins essentiel, dans certains cas, il peut même devenir obsolète, surtout pour des produits non périssables.
La pandémie nous poussera-t-elle à repenser nos modes de production et de consommation?
La pandémie étant, en partie, le résultat de la mondialisation et de l’interdépendance des marchés économiques, c’est sans équivoque. Ce contexte de globalisation des marchés, engendrant des pénuries de produits et de matières premières ainsi que des délais de production et de livraison, pousse les gouvernements et l’industrie à mettre de l’avant le commerce local. Et, cette réalité a de fortes chances d’obtenir l’appui des Canadiens puisque 99 % de ceux qui ont acheté pour la première fois des produits locaux depuis le début de la crise disent vouloir continuer de le faire.[3]
Est-ce que cette pandémie nous éloignera des objectifs de réduction des emballages à usage unique et en plastique?
Il est certain que la pandémie nous a ébranlés et nous fait réaliser les enjeux liés à la santé et à la sécurité. Depuis le début de la crise, la fabrication de sacs à usage unique a augmenté de 20 %[4] et l’on retrouve du plastique dans des produits actuellement en forte demande tels que des gants, des masques, des visières de protection et des contenants de repas pour emporter. Toutefois, il va sans dire que les efforts écoresponsables visant à réduire notre empreinte environnementale doivent se poursuivent; il est tout à fait possible de produire des emballages écoconçus tout en permettant à ceux-ci d’accomplir leurs fonctions essentielles.
Est-ce possible de conjuguer nos ambitions environnementales avec des mesures sanitaires adéquates?
Il est encore tôt pour le dire. Chose certaine, la situation exceptionnelle que l’on connait nous encourage à travailler plus que jamais ensemble afin de trouver des solutions écoresponsables, collaboratives, durables et sanitaires qui aident à faire une différence. Cela dit, on peut penser que des notions comme la traçabilité et la transparence tout au long de la chaîne d’approvisionnement seront un leitmotiv pour de plus en plus d’entreprises.
C’est une opportunité de repenser nos façons de produire et de consommer et de faire de l’écoconception d’emballages la norme!
[1] Source : https://ocresponsable.com/wp-content/uploads/2020/05/Vigie_Conso_COVID-19_Mensuelle01.pdf
[2] Source : www.bonvisionnement.net/lg2xleger/reimaginer-votre-marque-pendant-la-crise
[3] Source : www.bonvisionnement.net/lg2xleger/reimaginer-votre-marque-pendant-la-crise
[4] Source : https://ocresponsable.com/wp-content/uploads/2020/05/Vigie_Conso_COVID-19_Mensuelle01.pdf